vendredi 29 octobre 2010

LE FANTÔMIME (suite 2)

Scène III. Bruits lugubres d'écoulement dans le lointain proche. Entre le Mime, titubant, l'air très gêné(exagérément).
LE MIME, à voix haute: Hoo!... Hoo!... Je suis rentré! Me revoilà! C'est moi, votre vieil ami!... Héé!...Héé!... Il y a quelqu'un, à tout hasard?... Non?... Hoh... Hoh! Pitié, de grâce, pour l'amour de ce que vous adorez! Une matronne!... Une soeur!... Un Bénédictin!... Un abbé... Un pauvre mendiant... Un... concierge... Mes maux se sont carrés comme des directeurs, comme d'impitoyables magistrats dans ce vieux siège de chair bouffie, dépaillée, qu'est mon vieux corps. Trop longtemps j'ai fait ainsi, par profession, voeu de silence dans le vide... La mort transpire par chacun de mes pores, je fuis sang et eau comme une écumoire! Mon maquillage... (il se frotte le visage. Traces livides.) c'est mon maquillage qui fond... Ah, non, c'est ma peau. C'est ma pauvre peau brûlée comme de la crème.(Haut, avec douleur) Aide-moi, Ô châtelaine! Je gémis sous la botte ferrée de ton silence... Regarde-moi, regarde-moi mourir! (il mime une agonie grandiloquente) Apportez une civière!...(Deus ex macina: deux anges descendent du plafond sur une planche, l'y déposent et remontent.)

BRUNOIS, bouge, se réveille; à Agarite: Ca alors, Agarite, tu as vu ça? Crois-tu que c'est parce que nous sommes dans un couvent?

AGARITE: Mais quel couvent, regarde ça, cette misère.

BRUNOIS: Ca te plairait, pas vrai, que des anges mécaniques nous emmènent tous les deux... Hors d'ici!

AGARITE: Dans le plafond. (un temps) Laisse, c'est probablement seulement ce qui arrive aux gens morts depuis longtemps. Ou à ceux qui délirent complètement. (ils gloussent).

BRUNOIS: Je me ferai peut-être prêtre. (un temps) Tu serais ma nonne?

AGARITE: Non.
(silence prolongé)
BRUNOIS: Quel froid, je m'ennuie.

AGARITE: Je pourrais chanter pour te distraire. (Elle chante sans attendre de réponse)

BRUNOIS: Pour te murmurer des paroles d'amour à l'oreille, il faudrait que j'aie moins mauvaise haleine. Et toi, tu miaules comme un homard. Manière de dire que tu chantes mal.
(coup de tonnerre; éclair. Entre la chose noire et rampante, un balai à la main. Elle s'avance jusqu'au milieu de la scène vivement, avec colère; elle s'apprête à frapper au plafond, hésite, renonce.)

LA CHOSE NOIRE ET RAMPANTE: Ah les jeunes. (Elle sort. Fin de la scène III. Fin de l'Acte premier.)                            
                                                     A PLUS TARD...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Excellente chute.
A quand l'acte 2 ?