mardi 29 mai 2012

Une boule à neige

Aujourd'hui, je suis allé acheter une belle floraison; pas cher: 144 millions.
Constamment déçu, je suis ensuite allé me moucher dans cette belle pelouse toute neuve.
Pour un peu, par la forme générale et les dimensions, on dirait une boule à neige, mais c'est déjà ça. Dans un sens même sa petitesse a une sorte de charme intime qu'on trouverait difficilement dans de vrais jardins pour leur part vraiment hors de prix. En outre, dans un autre sens, en la retournant doucement selon un angle doux, mais presqu'à la verticale, lentement, alors elle paraissait beaucoup plus vaste. Trop vaste même, immense. Elle est imparfaite sous tous ses angles, et ses défauts ressortent en chiasmes tout le long de sa surface, s'entremêlent comme les fils des arabesques.
  Et ces défauts (assortiments: moisissures, pourriture, béton, acier, bactéries, pandémies, famine, guerre, et même quelques points de parfaite stérilité) étaient devenus le principal argument de vente. La publicité appelait ça "effet toile d'araignée", car la toile d'araignée par un contre-coup des plus efficaces évoquait le ciel nocturne et ses invisibles constellations. Pour une certaine classe d'érudits (ou de pédants) on appelait ça "romantique"; pour une autre on appelait ça "gothic". Dire qu'il suffit que personne ne veut que ça revienne au même pour qu'en effet il n'y ait rien de commun entre ces deux mondes miniatures.

8 commentaires:

morsual a dit…

Seulement, si ce qui provoque ces imperfections sur cette boule n'y figuraient pas, ces imperfections n'auraient pas pu être définies, et s'il n'y avait rien qui puisse y définir l'imparfait, on ne pourrait pas apprécier les parcelles de beauté, puisque la perfection existe par contraste à l'imperfection. Pareil que si l'imperfection était absolu, qu'il était omniprésent, on ne pourrait pas le définir d'imperfection non plus. Ne pourrait-on pas alors considérer ces imperfections comme un contre-poids qui équilibre l'ensemble?
Ce n'est certes pas le meilleur argument de vente, et cela ne rendrait ce monde pas meilleur qu'un autre, mais ces contrastes entre les imperfections et les parcelles de beauté ne font-ils pas l'identité de ce dernier? Une identité, que je définirais de "baroque"...

Michael Vendetta a dit…

Tout ces mots... ça donne envie d'apprendre à lire!

Nicolas Sarkozy a dit…

C'est profond tout ça

Averell a dit…

Il reste des riettes?

Tripoda a dit…

M. Morsual, dont la réflexion est tout-à-fait estimable, a très bien vu que l'imperfection résidait dans la relativité; mais un objet parfaitement imparfait peut du reste très bien être défini comme tel tant qu'il n'est pas unique et non plus identique ou supérieur à ses homologues. On se fait vite emporter quand on philosophe, M. Nain.

Nain a dit…

-La ferme, Averell!!!
-Du calme, Joe.

Je ne philosophe pas. A ce moment je ne faisais que me rendre compte combien la littérature était une chose très bizarre et, en tout cas trop difficile et compliquée pour moi. Je ne renonce pas à m'y intéresser, ce qui serait absurde, mais à en faire, ça oui.

Fa a dit…

Si vous renoncez, je sens que je vais renoncer aussi. En réalité, je n'avais jamais considéré mes rejets baveux comme de la littérature. Malheureusement, c'en est. Une notion indéfinissable qu'on a trop bien définie, la littérature. On se sent vite découragé entre ces géants vivants qui prétendent se mêler aux géants morts et qui surtout prétendent définir l'acte littéraire. J'écris de la pouésie, et ce N'EST PAS de la littérature; ce sont des crachats, considérez-les comme tels. Ils viennent de moi et sont tout de moi, à quoi bon se décourager? Ils partent dans le lavabo, personne ne s'en soucie.
Il ne faut pas renoncer.

Tripoda a dit…

Pour répondre aussi tard, on m'accusera sûrement d'avoir mûrement mûri ma réponse afin d'éviter une humiliation complète, mais bon...
Voilà, c'est aussi simple que ça: je me suis mal fait comprendre. Celui qui philosophait, à mon sens, c'était bien Monsieur Morsual (qui ne donne plus de nouvelles, c'est inquiétant).
Sans plus m'étendre, je conclus: je sais faire la différence entre texte littéraire et texte philosophique, merci! Et sans rancune.