mardi 17 décembre 2013

Normal

Scène mystique illustrant la couverture d'un livre qui n'existe sûrement pas dont j'aurais presque pu me souvenir du titre. Il se trouvait dans une immense tour blanche cylindrique concentrant en plusieurs rayons toutes sortes d'objets notamment de pleins rayons de cassettes audio fluo; d'autres rayons étaient à plat et leurs étagères, triangulaires en conséquence, présentaient des livres en quantité dont celui-ci que je convoitais et dont je n'ai pas pu m'emparer. Je crois que ce n'était pas de la grande littérature.

samedi 14 décembre 2013

Dépliant touristique pour Paliera

Ce dépliant y va fort; je crois que ces méthodes de marketing se sont depuis perdues.
"Paliera, dans sa conception, s'apparente à la Messe des Pauvres d'Erik Satie [...]. Ses bases évoquent une ferveur fasciste; dans une oppressante profondeur de caves [...] vous avez les mains jointes et tenues dans les mâchoires d'un étau, et des mains d'acier gantées de cuir vous maintiennent à genoux et la tête basse, tandis qu'une lampe d'interrogatoire de police vous aveugle... puis, à mesure qu'on progresse vers les hauteurs, les étouffants ornements se font plus rares et on s'élève vers plus d'abstrait, jusqu'à évoquer la musique des années 70; et seule domine parmi les nuages la lumière intense et dorée d'en haut; là vous tombez à genoux de vous-même comme dans une vapeur [...]. C'est à raison qu'on la nomme "Paliera la Solaire"."
De fait elle s'est construite sur l'absurde devise: le sol n'est pas stable donc élevons-nous. Sans doute est-ce spirituellement chargé de sens. Mais dangereux dans le sens de l'architecture. Des immeubles s'écroulent de temps en temps. De fait des mystiques l'ont conçue, des hommes d'affaires l'ont construite et des fascistes la dirigent. Mais c'est encore énormément simplifier car leurs trois influences se sont exercées tour à tour voire toutes en même temps. Qui dirige? Bah tout le monde et personne, comme dans toute ville.

Voyez ici, comme le siège social de la compagnie d'assurance Paradis tente vainement d'approcher à l'apparente perfection de la ville haute.
Tu glorie speculum solis umbraculum
Da famulis gaudium post hoc exilium

mardi 10 décembre 2013

Mathovie en armes

La Mathovie est un Etat qui n'a jamais existé. Elle a un roi et des élections qui ont lieu tous les ans pour élire des représentants à la Chambre. On peut hiérarchiser l'inexistence de ce petit royaume fantoche: il est d'abord à la frontière entre deux grands Etats à l'existence tout aussi douteuse, mais qui sont beaucoup plus grands et puissants. En fait seule leur force armée en fait des puissances existantes.  Bref. On ne va même pas en parler. Ensuite, plus on se rapproche de la cité de Mathobia et de ses environs, se multiplient les signes physiques d'un royaume, ou d'un tas de vieilles pierres en de vieux murs, le tout ayant été construit par les Mathoeufs. Parallèlement à ce qui semble donc évidemment une vraie cité, l'existence effective d'une cité proprement dite s'estompe dans le néant, pour ainsi dire. Si vous avez déjà croisé des Mathoeufs vous vous êtes aperçus qu'à mesure qu'on s'approche d'eux leur personnalité s'effrite d'autant plus rapidement et fortement qu'ils l'affirment avec véhémence et violence. Cela a donné le parti endwidiatzion (individuation) puis neuwe endwidiatzion qu'il est inutile de traduire. il en ressort que tous les 50 ans apparaît un nouveau parti d'individuation qui traite son précédent de réactionnaire. Bref, le roi a eu un important procès contre la Mort et a perdu. D'infâmes avocats l'ont environné durant les 600 000 derniers jours de son agonie, lui acquérant toujours de nouveaux délais, octroyant des recours en cassation et autres gains de temps et perte de santé physique et mentale. Il y a mille prétendants plus ou moins consanguins.
En attendant, les élections ne sont nullement troublées par cet évènement, ni par les inondations ni par la grave cris internationale, ce dont la presse mathovienne et internationale s'émerveille malgré la réputation de sang-froid des Mathoeufs.


Schéma politique de Mathovie. Si j'avais voulu le caricaturer j'eusse pris un seul mathoeuf avec noeud papillon bicolore.
Or pendant que tout se passe bien, une guerre civile ravage la région. Les Mathoeufs passent tout à fait à côté de cette crise qui affecte visiblement leur cité d'une manière pourtant physique et préoccupante. On aurait vu les isoloirs effectivement pleins de vie mais au milieu de ruines; les transports en commun avancer au rythme habituel très lent au milieu du chaos. Plus inquiétant, sans aucune autorisation politique ni aucune annonce, l'armée s'est mise en marche pour régler la crise. Apparemment c'est constitutionnel, et autorisé même si personne ne s'est aperçu que c'était la guerre. C'est dire si ces gens sont responsables et ont confiance en leurs institutions et leur armée. Celle-ci se comporte d'ailleurs impeccablement bien.
Armée mathovienne. Fusil d'assaut modèle Filmax hyper-compact.
1: fusil mitrailleur                      
2: chargeur/batterie convertible
3: lance-grenades/ canon à eau  
4: webcam intégrée                   
5: cure-dent                               
6: convertisseur USB                
7: batterie de prises jack          
8: alimentateur en prométhéum (parce que oui le 3 fait aussi lance-flammes)
Reste les machins dont l'usage est évident ou au contraire incompréhensible.

vendredi 6 décembre 2013

Divertissement à la mode

Il y a 50 ans, la ville de Kornikograd n'était encore qu'un modeste chef-lieu de gouvernement agricole. C'est aujourd'hui une cité dynamique et, la nuit tombée, sa fureur sophistiquée s'étend aux divertissements à la mode qui illuminent les caves des clubs et des magasins, comme les combats de rats.
"Des combats de rats? C'est sordide et ça n'a rien de sensationnel!
-Tu ne vois pas plus loin que ton nez. Tu verras, c'est fascinant." Passée une volée de marches et deux gorilles qui exigent le ticket, une salle de dimensions moyennes, mais avec, aux quatre angles d'un ring comme une arène miniature, de grands écrans dont on comprend qu'ils sont répartis en deux couples identiques destinés à présenter deux vues du spectacle à deux parties du public. La foule n'est pas énorme mais la salle est surpeuplée et l'excitation est de plus en plus forte. "Regarde! Voilà les champions! "presqu'avec mépris. A. ne peut pas bien voir à cause de la foule massée contre la barrière. Deux vieux rats d'égout se traînent en boitant. A. fait la moue. Vu comme ça, ça ne vaut pas la peine de se tordre le cou pour essayer de les voir. Mais on comprend, à regarder vers le haut les écrans qui viennent de s'allumer quand le présentateur a pris la parole pour présenter les champions., qu'ils boitent et se traînent à cause de ce qu'ils portent. On voit sur chacun des écrans, à tour de rôle, deux cités en armes. Elles semblent habitées ou composées de micro-organismes unicellulaires capables de s'assembler pour former des structures menaçantes: des piques, des pinces, des vis... ça ne se voit pas si on regarde les rats. Ceux-ci se traînent tant bien que mal l'un vers l'autre, s'évitent, hésitent un long moment sous les cris du public. "Non mais ils négocient la paix?! -C'est l'ONU ma parole haha!" Ils se tournent autour d'un air menaçant, se crachent dessus et sifflent, sans encore s'attaquer. Et tout lentement à cause de leur âge. Ils s'éloignent de nouveau alors que les structures sur les écrans sont de plus en plus élaborées et fantastiques. Enfin ils s'attaquent très mollement. ils se blessent aux pattes, au museau, à la queue, aux oreilles. Mais c'est sur les écrans que se passe l'intéressant: la bataille s'y est engagée et elle est difficile à suivre; c'est-à-dire que les structures se jettent les unes sur les autres, s'empoignent de toutes parts et se déchiquettent. Des masses noircies en tombent. Ce n'est pas tout: quand une structure ou groupe de structures a pris les dessus sur une ou un groupe d'autres, ceux-ci se rétracte et se reforment plus loin entre les poils, en un mur de pointes. Les attaquants se déversent alors sur ces défenses de fortune et les assiègent. S'ensuit un combat furieux qui se poursuit jusqu'au moment où les vaincus sont totalement détruits ou, plus rarement, s'ils atteignent l'épiderme du rat; alors le combat prend encore une autre tournure: les vaincus investissent l'épiderme et les derniers combats, longs et féroces, ressemblent à des guérillas, et font visiblement souffrir celui sur lequel ils se déroulent, qui se retourne, couine et se gratte et mordille à l'emplacement qu'on devine être celui de la bataille. Les écrans, par moments, se segmentent pour montrer différentes zones, où les évènements sont particulièrement remarquables, ou les champs de bataille où gisent les vaincus: des masses énormes de carcasses flasques et noires, des structures mutilées, abattues, qui se traînent, des unités séparées de toute cohérence; des structures ennemies passent sur elles et les extermine ou les récupère toutes ou en partie. Ces combats, qui se répètent jusqu'à ce qu'une des colonies prenne définitivement le dessus et extermine sa rivale, ne durent que quelques secondes et sont considérablement ralentis sur les écrans. Ceux-ci, d'ailleurs, peuvent bien diffuser un montage pré-enregistré voire quelque chose qui n'a rien à voir avec le combat des rats, en somme ça peut bien être truqué -mais vous l'aurez deviné.


Vue d'un combat
Vue ombrée en vitesse par le régisseur. Rien que cela vous montre bien que c'est une arnaque: il a mis dix minutes à tout torcher, c'est rapide mais pas assez pour avoir été fait en temps réel.
Mais à quoi pensent-ils? Pendant que Kornikograd travaille et se divertit, peut-être qu'une puissance obscure dirige leur pays ou leur planète vers un autre pays ou une autre planète pour qu'ils soient obligés de s'affronter jusqu'à la mort.