dimanche 11 août 2013

La civilisation d'acier (2)

Les "révélations" sur la civilisation d'acier ont plus ou moins ouvert la voie à ce qu'on a naturellement nommé "civilisation  du mensonge". Les affaires de dissimulation de ce genre se multiplièrent et les efforts des autorités pour empêcher les fuites n'avaient d'égale que la pression de... ben de la presse et, derrière celle-ci, du peuple qui commençait à murmurer. Le plus grand discrédit frappa les organismes officiels d'information, et il fallut bien ouvrir les archives. Il apparut que tout ce qu'elles relataient depuis une trentaine d'années au moins était faux, ou du moins lourdement transformé; que depuis longtemps l'Etat, à tous les échelons, déformait automatiquement toutes ses données. On dit que le gouvernement et tous ses membres témoignèrent de la plus vive surprise et se rejetèrent mutuellement les responsabilités; il en résulta que toujours plus d'archives, soigneusement classées, étaient perquisitionnées et que toujours plus de mensonges arrivaient à la surface. Il s'agissait aussi bien des chiffres du chômage que des résultats d'élections ou de données économiques sur lesquelles se basaient toutes les transactions depuis plus de trente ans. De riche et prospère, la Patousie tombait dans une crise sans précédent; et ce n'était pas sans impliquer les notions apprises dans les écoles, la géographie et les mathématiques, et l'ensemble de la recherche, qui s'avéraient complètement faux, minés de l'intérieur! Vous voyez maintenant pourquoi il est imprudent de demander l'heure.
 La presse s'était engouffrée la première dans cette brèche, qui provoquait une crise de confiance sans précédent; elle tomba à son tour dans l'engrenage du discrédit. Les plus grands quotidiens firent faillite, suivis de ceux d'importance décroissante. On commença à rapporter la disparition d'un grand nombre de personnes; pour plaisanter de façon noire on disait qu'untel avait bel et bien été assassiné, mais cent ans auparavant, et que ç'avait été caché au public, quand bien même on l'avait vu encore la veille. Des plaisantins allaient même s'accuser d'un meurtre "à venir" qui n'aura pas encore été reporté, et exigeaient d'être emprisonnés dans dix ans, quand bien même la victime en question était effectivement portée disparue...
 La cathédrale St Soblivwargeor. Il est à noter que les notions d'architecture et de perspectives étant obsolètes, ce dessin est parfaitement dans la norme et approuvé par la censure de la Miliche.

1 commentaire:

morsual a dit…

Très jolie cathédrale ! Je lirai le texte plus tard...