dimanche 14 novembre 2010

Les pierres et les gens

S'il y a ici un jeu de mot, je vous prie de croire qu'il n'était pas voulu; ce que j'ai à dire ici est au contraire de la plus haute importance.
Il est bien connu, que là où l'on trouve des gens, l'on trouve aussi des pierres. C'est d'ailleurs l'explication rationnelle de la présence de celles-ci, car ce sont les gens qui les apportent. Ce sont aussi eux qui les prennent et qui les emportent; en effet elles sont très convoitées. De sorte qu'il est moins connu que là où il y a des pierres il y a aussi des gens. Ces gens les gardent, dans le sens où ils les surveillent, à ce qu'on n'y touche pas, à ce qu'enfin elles restent bien en place. Ceux qui les convoitent sans appartenir à cette catégorie précise de la société, n'ont aucune chance de les obtenir. Je ne suis pas fier d'être moi-même dans ce cas. A l'intérieur d'une fente pratiquée dans le sol, très étroite, il se trouve tout juste une petite pierre, mal taillée, cassée même (quoique je sois mal placé pour juger si une pierre est cassée ou non); elle est si minuscule que les gens maladroits ne peuvent pas espérer la prendre; d'ailleurs il n'y a pour la garder qu'une ou deux personnes, individuelles, indifférentes, absorbées dans des occupations qui occultent tout à fait l'environnement extérieur. Celle-ci, bien sûr, moi je peux la prendre sans risquer une blessure trop vive, que ce soit par ses gardiens ou sur ses propres arêtes aigües. Bien plus cruelle est la blessure que l'on éprouve, à coup sûr, s'il se trouve une forte et nombreuse société. Entre deux palabres, des discours ou des conversations très mondaines, ils surveillent étroitement les larges tranchées où gisent les énormes pierres noires, rouges, vertes ou de toutes les couleurs à la fois, mieux gardées qu'un assassin en prison.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La pierre est tout autant basique qu'elle est quantique, Monsieur le Nain. Il y a une citation que j'adore : en substance : " une cathédrale n'est qu'une pierre lancée en l'air". Dig it. Bonne continuation.
Martin Lothar