vendredi 12 juillet 2013

Cartes postales

J'ai avisé un pauvre clodo qui claudiquait dans une impasse sale et puante. Il m'a intéressé parce qu'il sentait la marée, avait des algues plein ses cheveux rares et blanchis, portait des fragments de vieux survêtement décathlon et surtout une magnifique cravate en satin frappée d'une amphore et sur laquelle était écrit "amphore". Il a tiré de sa veste une pochette en plastique flambant neuve et m'a montré ce qu'elle contenait en m'expliquant qu'il était agent de promotion touristique à Paliera et que, les modes en la matière ayant changé, il s'était retrouvé au chômage et avait dérivé sur les sept ou huit océans jusqu'ici.
Si pour le réconforter je lui ai dit "c'est chouette", il a éclaté en sanglots et s'est écrié: "Gnon, c'est moche! C'est une sale chose, un caprice vérolé bricolé en trois mois sur un gros tas de champignon et de pognon prah prah prah..." J'y ai reconnu un étrange mélange de baraguinage d'ivrogne et d'éloquence empruntée et précieuse, en même temps que son regard fou me renseignait sur l'état de sa conscience et sa peau verdâtre et huileuse sur ses origines absolument non-humaines. Ensuite il a cherché à me tuer mais il a fait une attaque avant et m'a laissé avec son imitation de Metropolis (comportant des erreurs de perspectives culturelles) et diverses autres choses.

2 commentaires:

Isidore datsinov a dit…

Cet hobo m'en rappelle d'autres. Tous n'ont cependant pas de visions crépusculaires sur des babylonnes de contreplaqué.

morsual a dit…

Bah moi, j'aimerais bien visiter cette ville ! Tu nous en feras le récit si jamais tu as la chance d'y accéder...
(très chouette dessin au passage, il a un certain charme dû à son soucis du détail très soigné malgré les erreurs de perspective (mais bon, honnêtement, on s'en fout, on n'est pas chez Dürer non plus ! ) )