samedi 8 octobre 2011

Erratum

Le rédacteur d'hier s'est pendu. Auparavant il a laissé ceci:
Mon labyrinthe continue de s'accumuler et de dissimuler ma vacuité comme des vêtements couvrent les corps nus et tous identiques. Qui s'occupe des petites arêtes osseuses? Qui remarque, sans cheveux, sans visages, sans odeur (puisque tout ceci fait en quelque sorte partie des vêtements), sans mètres et sans miroir, qui est son parent ou son ami? Or, là-dedans, dans les enveloppes de cire, se trouvent des coeurs tous pareils, des foies tous pareils, des intestins tous pareils, des cerveaux qui se ressemblent tous, qui ne sont uniques que parce qu'ils ne communiquent pas les uns avec les autres.
Je ne comprends plus l'extrémisme d'André Breton. Pourquoi déteste-t-il à ce point les situations romanesques? Certes, on nous y impose une personne avec noms, apparences et pensées, et des lieux de même, mais après tout que ne nous est-il pas imposé? Breton n'est seulement pas chrétien; c'est-à-dire qu'il a refusé autant que possible d'être guidé par un pantocrator (c'est-à-dire un auteur réaliste), ou qu'il l'a conceptualisé autant qu'il était possible; dé-figuré. Mais dans ce cas toute situation d'énonciation est à bannir. Toute parole, au sens large.
Même l'état d'esprit DADA. Pleurez à l'émergence des Lampes Statues! On y a droit! Elles sont là pour nous, puisquenous sommes des spectateurs, que seuls des spectateurs peuvent les voir: montrez les plus belles oeuvres d'art au néant et alors vraiment à quoi bon? Je veux bien croire que ce ne soit pas différent de montrer cela à des assistants, mais alors il vous faut, pour me convaincre, cesser tout à fait de créer - de parler-, et vivre comme un animal guidé par le seul et unique besoin.

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