jeudi 15 décembre 2011

Pourquoi la "raison"?

On abuse de la raison. La raison est une des choses les plus épouvantables au monde. Mais il suffira de lire la suite pour voir où je veux en venir et en quoi j'avoue être d'elle, comme tout le monde, un infâme suppôt vain et servile. La raison n'est qu'un épiderme, accessoire, inutile; et un épiderme inconfortable, semé de clous; rien à voir avec notre bonne peau qui pour être fragile a le mérite de ne jamais, dans sa bêtise, nous trahir.
Organes vitaux, qui battent sans parole, voilà ce qu'il est d'important, ce qui domine et dirige aveuglément les mouvements épidermiques, ce qui bat, invisible, inaccessible hors du meurtre (qui en même temps qu'il les découvre, les détruit), et de son côté considère inaccessible le dehors... Que la parole, en résumé, est faible; que le raisonnement est mesquin.
Comme par ses propres propriétés je le balafre, je dis que je le balafre, il s'est replié dans une région plus reculée de la "pensée", ou plutôt les lieux à portée de mes coups de griffe, il ne s'y trouve pas; et ce qu'ici j'appelle "raisonnement", ce que je désigne par "il" ou "elle", ce n'est qu'une pancarte à son effigie; je ne frappe que des pantins de glaise qui grossièrement lui ressemblent; ou même, parce qu'il est roi de ce domaine, où je ne pourrais pas même être son fou, cela ne lui ressemble pas le moins du monde, cela n'est qu'un mot, un amas de lettres, de morphèmes; et ce n'est qu'arbitrairement supposé le représenter et prendre les coups que je lui destine, en prétendant que c'est bien la raison qui les prend. Oui, ce mot n'est qu'un petit animal, un prétexte, une pauvre armure derrière laquelle sans en avoir nul besoin, pour le seul plaisir de ses clients, la raison se cache voilée dans sa perfidie. Ce mot la recouvre autant qu'il la laisse entrevoir de tous ces milllions d'yeux lubriques.Voilà une chose infâme, qui recouvre la terre et qu'il est impossible d'humilier. On ne peut que la tuer, en cédant à la violence, en s'humiliant soi-même. En la magnifiant du même coup.
L'Absurde, humiliation de la raison? Non! Ce sont ses propres rejetons démoniaques, ils lui font honneur, au contraire! Nous sommes tous empêtrés dans le commerce de cette catin.
Elle ferait presque aimer la politique, qui est ce qui se rapproche le plus d'une huée de cette bouche d'égout encensée, portée au trône de déesse, un trône fait pour elle sur mesure, un trône indigne.

1 commentaire:

Martin Lothar a dit…

Comme quoi nous pouvons encore apprendre dans ce monde en quenouilles que les nains peuvent être grandioses.
Cela étant, cher monsieur le Nain, je pense (mais ce n'est que mon opinion sur rue) que vous vous fourrez trop facile l'orteil dans l'oeil : opposer la raison à la folie (voire à l'absurde, l'excentrique & Toussa) c'est dire que son acné est une punition des dieux.
Que nenni, monsieur le Nain : la raison n'est que geste, ce n'est pas un état. Et c'est un geste quotidien ; c'est même une réaction de toute seconde ; à réception de toute information du monde extérieur, nouvelle (ou pas).
Et celui qui raisonne ainsi n'a pas forcément raison (si du jour au lendemain, il ne remet pas tout en cause, de la base au sommet) Mais il agit ; il réagit. Et s'il le fait avec calme, pondération, foi, espérance et charité, alors, il côtoie l'intelligence, la vie quoi.
Pardonnez mon obscurité. Bien à vous.