mardi 22 mai 2012

Une invasion barbare

Parfois le monde se contente de vivoter sans se préoccuper plus que ça de boucher les trous plutôt que de passer l'éternité à écoper. D'autres fois il se détraque et dans la fièvre, sue de tous ses pores des monstres. Voici un de ces systèmes bizarres: la population d'un royaume cherche à repousser l'invasion que pousse une horde barbare. Ils ont tout essayé: mort-aux-rats, pièges, alliances avec des puissances étrangères. Rien n'a pu les sauver et une grande partie du royaume est sous la botte du terrifiant vainqueur. Celui-ci, en nombre, assiège le château et il paraîtrait presque mesquin de résister. Si on jette des pierres en contrebas, sur leurs minuscules silhouettes noires informes, celles-ci s'applatissent et aussitôt d'autres sortent du sol et remplacent ce qu'on hésite même à appeler des "morts". La porte est sur le point de céder à leurs petits coups de griffes répétés. Les sujets ont alors résolu de changer de dieux: ils ont choisi des pancakes énormes, plus grands qu'un homme en taille, et ronds. Ils ont disposé ces idoles dans la grande salle et sont partis se retrancher dans les salles voisines, et c'est tout juste si un vieillard rétrograde s'indigne et exige qu'on défende encore la porte. Ainsi qu'on pouvait le prévoir, les barbares ont enfoncé facilement celle-ci et se sont déversés dans la grande salle. Ils y ont trouvé les pancakes. Les voilà à donner dans les flancs des idoles des coups de leurs armes, comme simplement pour ravager, comme c'est tout ce qu'ils savent faire; mais avec une sorte d'incompréhensible retenue. Des blessures en étoiles surgissent alors des rais de lumière aveuglante, puis de longs filins noirs et musculeux en surgissent et attrapent chacun des barbaresdans la salle qui est bientôt déserte;les pancakes, après avoir fait ce qui ne devait même pas être des prisonniers, mais des victuailles, les ont avalés tout aussi rapidement. Le château est sauvé.
   On les voit passer l'un après l'autre, sur une route de campagne humide; ils n'ont plus cet aspect d'insecte qu'ils avaient tant qu'ils nous envahissaient, ce sont maintenant des gaillards athlétiques, des Numides, des Vikings; pourtant en les voyant, chacun d'eux, je ne peux m'empêcher d'éclater de rire.

1 commentaire:

Professeur McGonagall a dit…

Bien dit! 5 points pour Gryffondor