samedi 23 juillet 2011

Parlons

A: Où est le beurre?
B: Ici.
A: Mais où est ce fichu beurre?
B: Ici!
C: Je déteste le beurre. (à A) Toi aussi.
A: C'est pourtant vrai, pourquoi je le cherche?
B: Pour moi! pour moi!
C: Pour lui faire la peau.Tu vas jeter toute cette graisse avariée à la poubelle.
B: Non!
A: J'ai l'impression que je dois répondre à la fois "oui" et "si".
B: Non!
A: Si.
C à A: Tu peux te contenter de dire "oui".
A: Oui.
C: Elle est bien bonne!
A: Ah, voilà le beurre.
B à A: Rends-le moi! (à C) Il me l'a arraché des mains.
A: En enfer, le beurre! (Il le jette)
B: Non! Non!...
A: Aux mouches.
C: Aux mouches! C'est cadeau. Rien à payer.
B: B... B... B... Bzzzzzzz! Zzzzzzzzz... Zzzzz... Zz... Zz... Z.
FIN

samedi 2 juillet 2011

Nous n'avons jamais sous-estimé le sommeil, tout ce qu'il impliquait et qui devait nous rester incompréhensible quoique vainement recouvert par les siècles de termes très savants; ce, d'une part, et d'autre part nous avons toujours su l'effet curieux qu'avaient un nom, un état civil, bref une existence sur une personne qui était pour ainsi dire faite pour les obtenir et ne les obtenait pourtant pas.
   Un matin, quelqu'un du nom de Charles B. Tackin se leva, très endolori, très faible sans aucune raison appparente, mais lourd de l'impression puissante d'avoir été blessé. Plus tard il découvrit sur ses épaules deux petites plaies anciennes, grises et froides dans le miroir; il passa un moment d'incompréhension tirée du lit à les considérer, à les toucher, à s'interroger sur leur provenance; au contact de ses doigts malhabiles les croûtes s'effilochaient en forme de petites pattes d'araignée rougeâtres.
"Au fond, se dit-il un peu plus tard, un peu plus réveillé mais loin encore, il le savait, de l'être autant qu'il fallait, au fond j'ai toujours eu quelque chose de grave sur la conscience."