jeudi 16 décembre 2010

Survivant du déluge

  Pour parler d'un survivant aussi extraordinaire, il convient d'abord de briser un mythe: le déluge ne dura pas quarante jours; il dura beaucoup plus longtemps, et fit beaucoup plus de victimes qu'on ne le pense d'habitude. Les plantes et autres êtres vivants ne mirent d'ailleurs pas longtemps avant de proliférer de nouveau, de pouvoir considérer qu'ils étaient revenus au point de départ, et que l'inconnu désormais, de nouveau, se profilait face à eux perdus soudain dans l'infini, tout près de supplier qu'il pleuve à nouveau, qu'une nouvelle catastrophe les décime.
  Nous en sommes là. Il ne dédaigne pas de pleuvoir, et l'on s'habitue à ces désastres quotidiens. Il reste encore par endroits, des lambeaux de flaques luisants et fuyants, accrochés dans les arbres, parmi les voûtes des immeubles.
  Une chose blanchâtre est étendue sur le rebord du trottoir; un oeil indiscret et consterné reconnaît un ver: un ver fuyant le caniveau inondé. Il baigne encore et, à bout de force, il se noie lentement, d'autant plus lentement qu'il va se remettre à pleuvoir, il ne manquera pas de se passer cela; et il demeure inanimé, implorant l'infini invisible autour de lui, peut-être? Ou peut-être attend-t-il qu'un des étrangers, qui passent en flot continu tout près de lui, se décide à l'écraser?
  Mais personne ne vient. Ils passent tous à l'écart de l'incident, quoi même que leur curiosité morbide les pousserait vers ce côté; la chose est trop petite. D'ailleurs enfin il vient un pas martelant. Mais l'apercevant, touchée sans doute par la position du vers, la tête très haut perchée sur ses échasses dévie légèrement de sa trajectoire.
"Que faire pour votre service ô mon gracieux maître!" s'écrie aussitôt le ver moribond, sans pouvoir s'en empêcher; peut-être occulte-t-il ce que cette hasardeuse charité vient de lui insuffler une vie nouvelle, une vie d'homme, ou peut-être la clé de voûte de l'univers entier; pourtant le passant consterné passe son chemin, le regarde avec mépris, avec dégoût, la toute petite charogne blanche comme un excrément de pigeon, d'où la vie saignée à blanc va s'échapper.

samedi 4 décembre 2010

Tant que j'y suis!

Ceci est une représentation du naufrage du Snail; représentation car il n'y eut aucun témoin à cet évènement; il n'y eut même aucun survivant. Moi je ne fis que l'imaginer.


Ceci est le portrait de François M., auquel s'applique à peu près la même remarque


Bienvenue là où vous êtes là

Bienvenue si vous y êtes. Ceci est en rapport avec une histoire que vous ne connaissez pas et dont je ne manquerai pas de vous parler peut-être certainement.